Dans le département de l'Eure il y a aussi des grottes. Bien sûr ce n'est pas Lascaux, mais il y a des graffiti anciens. Ces grottes ne sont pas naturelles, mais creusées aux cours des siècles par l'homme des campagnes rurales. D'abord, et peut être pour faire un abri dans les falaises de craie, puis pour servir de carrière d'extraction de la chaux, puis de cave à vin, de cidre, puis de nouveau pour servir d'abri à des artisans, des paroissiens persécutés pendant la révolution, enfin d'abri de SDF. Les occupations possibles sont multiples. Donc, dans la grotte dite du "sabotier", des graffiti d'inspiration chrétienne ont été tracés. Les lieux, cachés dans les collines ont pu servir de chapelle temporaire et secrete à certaines époques troublées.

La datation d'un graffito n'est pas toujours facile. Exemple : Eglise de Serans (Oise)

Juste un prénom et un nom : "Jehan Delan". La police utilisée n'est plus de notre époque, l'OCR ne reconnais pas, écriture utilisée fin XVIe mais encore d'usage au tout début duXVIIIe, un peu plus de cent ans. Le patronyme est présent en Picardie, mais aussi dans l'Allier, etc. Jehan est le prénom le plus utilisé dans les familles.

Alors! Au secours !!!

Indice : la façade est du second quart du XVIe, la base est constituée de pierre taillée dans le grès.

Notre correspondant Simon Dietrich originaire de Marburg, nous a fait parvenir ce graffito : tout à fait semblable aux graffiti de nos régions : une croix surmontant le triangle de la sainte trinité. Il semble écrit à la sanguine habituellement utilisée par les bâtisseurs ; maçons, tailleurs de pierres pour faire les traçages préalables. L'écriture Sta Maria peut être datable du XVIIe siècle et même légèrement antérieure, A l'intérieur du triangle est tracé "IHS" le monogramme du Christ un peu masqué par un joint refait.

La charrue est souvent considérée comme un symbole de fertilisation. Le coutre est un élément de la constitution de la charrue, c'est la pièce qui fend la terre en premier, avant le soc. Cest donc lui qui entre dans les entrailles de la terre, qui va permettre le labour, puis l'ensemencement afin de créer une forme de vie. La métaphore est possible, le processus de la procréation est donc comparable. La forme de l'expression votive des croyances populaires par l'intermédiaire des "graffiti" s'est emparée de la forte symbolique que cela représente. Pour s'exprimer sur la pierre consacrée d'une église, le scripteur doit utiliser un un symbole parlant, mais simple.

Les coutres sont donc souvent représentés sur les murs de certaines églises afin de matérialiser au mieux la prière ainsi formulée. Il est plus rare de retrouver ce type de représentation sur des murs non consagrés tel que celui-ci sur les murs du château de maintenon. A titre d'exemple, voici par contre la repésentation de coutres sur un bénitier d'une église d'E & L. 

Avant d'avoir l'image que nous lui connaissons, la cathédrale Ste Croix d'Orléans à subi bien des métamorphoses. L'histoire, le temps lui ont apporté bien des changements. Henri IV souhaite lui redonner sa splendeur. Les images de cette époque ne semblent pas très nombreuses, pourtant, il en est une directement visible sur ses murs : un graffito. Celui-ci représente l'église vue côté nord, les dux tours ne sont pas encore reconstruites. On distigue la base du rempart aujourd'hui dégagé. Le dessin est à la mine de plomb, il a été surchargé par un graffito postérieur : une signature de 1609 légèrement gravée avec le nom "Jaque marin" ? La fin n'est pas très lisible. Le dessin de l'église est donc antérieur à la signature : 1mn, 1jour, 1an ? Mais antérieur.

Comparons toutefois l'image du XXIe siècle et celle  parue dans "L' histoire d'Orléans" publiée en 1647 pa Symphorien Guyon.

Au fait, ou se trouve ce graffito dans la cathédrale?